La surcharge de travail, une réalité omniprésente dans le monde professionnel, peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé mentale et physique des individus. Il est essentiel de comprendre les signes de surcharge, ainsi que ce que dit la loi à ce sujet, pour mieux prévenir et réagir face à cette problématique.

Comment se définit la surcharge de travail

La surcharge de travail se caractérise par une charge excessive de responsabilités professionnelles, dépassant souvent les capacités physiques et mentales d’un individu. Cette situation peut être déclenchée par des délais serrés, des exigences élevées ou un volume de travail important et constant, du matériel obsolète qui rend difficile le respect des délais, …

Quels sont les symptômes d’une surcharge de travail

Symptômes mentaux

La surcharge mentale se manifeste par une anxiété persistante, une tristesse accrue, des troubles de la motivation et de l’attention. Ces signaux ne doivent pas être ignorés, car ils peuvent indiquer un déséquilibre entre la charge de travail et la capacité à y faire face.

Symptômes physiques

Les manifestations physiques de la surcharge comprennent des troubles du sommeil, des vertiges, une anorexie, des problèmes gastro-intestinaux et de possibles asthénies. Ces symptômes sont souvent le reflet d’une pression excessive exercée sur le corps.

Symptômes comportementaux

Le repli sur soi, l’isolement social, l’irritabilité, l’agressivité et les comportements addictifs peuvent résulter d’une surcharge de travail. Ces réactions témoignent de la difficulté profonde de l’individu à faire face à des contraintes fortes.

Quels sont les risques et conséquences

Si la surcharge persiste, elle peut entraîner une accumulation de stress, conduisant à des conséquences psychologiques et physiques importantes. Des problèmes de sommeil et de digestion peuvent émerger. Cette situation favorise également l’apparition de maladies chroniques. La surcharge prolongée peut conduire à un désintérêt pour le travail, un épuisement et même au burn-out.

Surcharge de travail et horaires de travail

La surcharge de travail ne se traduit pas forcément par un volume d’heures supplémentaires important. Elle peut aussi correspondre à des congés payés ou RTT refusés ou impossibles à poser car trop d’urgence. Elle peut correspondre à une augmentation du délai de traitement des taches, du retard dans les délais, ou encore des malfaçons augmentées par la cadence devenue trop difficile à tenir.

Surcharge de travail et obligation de sécurité et cadre légal

Il est crucial de connaître les dispositions légales entourant la surcharge de travail. La loi stipule que chaque employeur a la responsabilité de fournir un environnement de travail sûr et sain à ses salariés et de veiller à prévenir la santé physique et mentale en intégrant l’organisation du travail dans le DUERP (Document Unique d’évaluation des Risques professionnels) depuis la loi santé au travail de 2021 Néanmoins, trop peu d’employeurs à ce jour ont intégré ces éléments en analysant de manière approfondie les causes de la surcharge. Il n’y a pas de disposition du code du travail qui définit la “surcharge de travail”.

Il y a 3 accords nationaux interprofessionnels qui sont intéressants mais trop peu connus sur la prévention de la surcharge. Il s’agit notamment de l’ANI de 2008 sur le stress au travail, l’ANI de 2010 sur le harcèlement et la violence au travail. Ces ANI ont été étendus. Dans la hiérarchie des normes, ils se situent entre le code du travail et les conventions collectives. Ils sont obligatoires pour toutes les entreprises qui dépendent des syndicats signataires.

Surcharge de travail et maladie professionnelle

De la même façon, la surcharge de travail n’est pas reconnue automatiquement comme une maladie professionnelle dans un tableau de maladie professionnelle. Il est néanmoins possible d’obtenir sa reconnaissance mais cela suppose plusieurs démarches et les lésions causées par cette surcharge. Pour être reconnue la dépression ou le burn out suppose qu’un médecin évalue un taux d’IPP de 25% et que le salarié démontre que cela ait un lien direct avec le travail. Ce taux d’IPP peut être établi par un médecin traitant, psychiatre, médecin en réparation des dommages corporels, après examen de la victime.

Surcharge de travail et accident de travail

Pour une reconnaissance d’un accident du travail, cela supposerait qu’un fait soudain ait généré une lésion corporelle ou psychique sur le lieu de travail.

Surcharge de travail et harcèlement moral

En outre, la surcharge de travail peut déboucher sur de réelles conséquences légales si elle est associée à du harcèlement moral ou encore à des manquements aux obligations de sécurité, aux durées maximales de travail.

L’Accord national de Mars 2010 sur la prévention du harcèlement et de la violence au travail, obligatoire depuis juillet 2010 date de son extension précise que les phénomènes de stress lorsqu’ils sont liés à une mauvaise organisation de travail, un mauvais environnement de travail ou une mauvaise communication au travail peuvent conduire à des phénomènes de harcèlement moral ou de violence au travail même si cela est plus difficile à identifier que du harcèlement avec intention de nuire par exemple.

Comment agir face à la surcharge

Ne pas être dans le déni

La première étape pour faire face à la surcharge est d’accepter la réalité de la situation. Reconnaître que la charge de travail est excessive est essentiel pour prendre des mesures correctives.

Identifier les sources de surcharge


Analyser les tâches et responsabilités en identifiant les sources spécifiques de surcharge. Cela permet de cibler les domaines à améliorer et de trouver des solutions appropriées afin de retrouver un équilibre de vie correct et viable.

Il convient d’évaluer le temps pris par chaque tâche selon leur périodicité (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, annuelle), même de manière approximative sous forme de fourchette de temps passé. Par exemple, une lecture de mail reçu dans sa boite mail entre 30 secondes et 2 minutes, …. Si je reçois 100 mails par jour, cela représente en moyenne 100 minutes…

Prendre du recul et en parler

Prendre du recul permet de gagner en perspective. En parler à un supérieur, un collègue de confiance ou même un professionnel de la santé peut offrir des conseils utiles et un soutien nécessaire pour avancer puis surmonter la situation.

Surcharge de travail et forfait jour

Même les personnes non soumises à un horaire de travail, par exemple les cadres autonomes en forfait jour, peuvent subir une surcharge de travail. Il est essentiel alors d’alerter pour trouver des solutions et éviter que cette surcharge soit récurrente.

Pour rappel, l’employeur doit veiller à un faire un suivi régulier de la charge de travail des personnes en forfait jour. C’est une disposition d’ordre public. Un entretien annuel est insuffisant.

Faire des pauses et planifier ses priorités et ressources

Intégrer des pauses régulières dans la journée de travail est essentiel pour prévenir la surcharge. Ces moments de détente contribuent à maintenir un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle.

Planifier sa charge de travail, en faisant un état des lieux des tâches urgentes, non urgentes, des tâches que l’on peut déléguer, que l’on peut reporter est essentiel. De la même manière, anticiper ses besoins en ressources que ce soit matériel, humain ou temps à consacrer est essentiel pour éviter de se sentir en situation de stress permanent.

Gérer les aléas et savoir dire non

Apprendre à gérer les imprévus, déléguer lorsque nécessaire et savoir dire non lorsque la charge devient excessive sont des compétences essentielles pour maintenir un équilibre professionnel et personnel.

Comment prouver que l’on subit une surcharge

En cas de litige, il est crucial de documenter la surcharge de travail. Seules des preuves concrètes pourront réellement vous aider à prouver la situation dont vous êtes victime. Conservez des emails, des notes de réunions, des messages, des entretiens annuels d’évaluation, des tâches qui vous sont assignées, des témoignages et tenez un journal des heures de travail peut fournir des preuves tangibles en cas de besoin.

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